dimanche 5 octobre 2014

10 principes pédagogiques à prendre en compte pour concevoir des environnements d’apprentissage multimédia


Supposons que vous vous retrouviez dans l’un de ces 4 cas de figures, et que vous souhaitiez soit :
  • Concevoir une formation en ligne pour apprendre à vos collaborateurs comment utiliser un nouveau logiciel informatique,
  • Rédiger et mettre en page des syllabi et fiches pédagogiques en sciences biomédicales pour vos étudiants,
  • Développer un Serious Game pour promouvoir les principes d’une alimentation saine auprès d’un public adolescent,
  • Réaliser une présentation PowerPoint sur la thématique des sciences de l’éducation dans le cadre de votre participation à une prochaine conférence.
Quel est, à votre avis, le dénominateur commun des 4 propositions ci-dessus ?
Je vous le donne en mille : chacun de ces exemples intègre, à des degrés divers, une approche pédagogique basée sur plusieurs médias. C’est-à-dire non seulement des mots parlés ou écrits, mais aussi des images, des photos, des diagrammes, des vidéos… Objectif : favoriser un apprentissage plus efficace et de meilleure qualité.
Oui mais… pas à n’importe quelles conditions ! Il suffit de regarder la plupart des syllabi, fiches pédagogiques et présentations PowerPoint pour voir que certains profs et formateurs n’ont vraisemblablement pas compris comment rendre leurs supports multimédia VRAIMENT efficaces.
Richard Mayer, psychologue américain et chercheur à l’Université de Californie, développe depuis 2001 un concept scientifique intéressant : la théorie cognitive de l’apprentissage multimédia.
Cette théorie se base sur 10 principes pédagogiques essentiels que je vous propose de parcourir ci-dessous. But du jeu : vous permettre d’utiliser le multimédia à bon escient, dans le cadre de vos formations (présentielles ou en ligne), de vos supports pédagogiques écrits et de vos diaporamas.
10 principes pédagogiques à prendre en compte pour concevoir des environnements d’apprentissage multimédia
La théorie cognitive de l'apprentissage multimédia (R. Mayer) : 10 principes pédagogiques à prendre en compte dans la conception d'environnements d’apprentissage multimédia, en ligne ou présentiels.

Des principes pour réduire l’influence de traitements externes

1. Principe de cohérence

Le principe de cohérence vise à supprimer les informations non essentielles pour l’apprentissage : les participants apprennent mieux si les supports et contenus pédagogiques mis à leur disposition se focalisent sur un élément spécifique, plutôt qu’un contenu trop vaste ou trop général.

2. Principe de signalement

Ce principe part du constat que les informations mises en relief sont mieux retenues que les autres : signaler les informations essentielles permet aux apprenants de mieux orienter leur attention et d’augmenter leur taux de rétention par rapports aux éléments soulignés.

3. Principe de redondance

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, présenter des informations identiques dans 2 modalités différentes peut être néfaste à l’apprentissage (par ex. afficher à l’écran l’équivalent du texte présenté oralement). Lors d’une présentation, évitez donc d’intégrer trop de texte dans vos diapos, et préférez l’utilisation de mots-clés.

4. Principe de contiguïté spatiale

Selon le principe de contigüité spatiale, le fait que des informations visuelles soient proches les unes des autres facilite l’apprentissage (par ex. une association mots-clés // image, ou mots-clés // diagramme). C’est notamment le cas des schémas et des légendes qui y sont associées.

5. Principe de contiguïté temporelle

Tout comme la proximité spatiale des informations visuelles, le fait de renforcer leur proximité dans le temps facilite aussi l’apprentissage. Pour faciliter la tâche de la mémoire de travail (par ex. dans le cadre d’une présentation), synchronisez donc l’apparition de vos diapos en fonction de votre discours !

Des principes pour gérer les traitements essentiels

6. Principe de segmentation

Le principe de segmentation nous apprend que les participants apprennent mieux lorsque le contenu pédagogique est bien segmenté : c’est-à-dire découpé en plusieurs séquences, plutôt qu’un gros bloc d’informations indigestes (par ex. 3 fois 5 minutes, plutôt que 15 minutes d’un coup). Cela permet de maintenir l’attention des apprenants et d’éviter la surcharge de leur mémoire de travail.

7. Principe de pré-entrainement

Selon le principe de pré-entrainement, il vaut mieux déjà diffuser aux apprenants des informations-clés sur le contenu (d’un cours, d’une formation…) avant la séquence d’apprentissage principale. Ceci leur permet de s’échauffer et de déjà établir des connexions neuronales essentielles à l’acquisition de nouvelles connaissances.

8. Principe de modalité

Le principe de modalité rejoint en partie le principe de redondance (voir ci-dessus) : dans le sens où, pour présenter une image (par ex. à l’écran comme dans le cas d’une présentation), il est préférable d’utiliser un commentaire oral plutôt qu’écrit. Ceci afin d’éviter la saturation des canaux visuels chez l’apprenant.

Des principes pour favoriser des traitements génératifs

9. Principe d’intégration multimédia

Afin de favoriser le traitement de l’information et un apprentissage plus efficace, privilégiez l’intégration d’éléments visuels dans vos diaporamas, syllabi, fiches pédagogiques… Les participants apprendront mieux à partir d’une combinaison de mots et d’images, plutôt que de mots seuls (par ex. des illustrations explicatives dans un livre ou dans un syllabus).

10. Principe de personnalisation

Dans le cadre d’un parcours de formation (présentiel ou en ligne) ou d’une présentation, utilisez un style de langage conversationnel plutôt que formel. Adressez-vous directement à vos participants en utilisant le VOUS. Les apprenants auront tendance à davantage retenir des informations personnalisées, et à mieux les mettre en pratique !

Et ces principes, il faut absolument tous les respecter ?

Réponse de Normand : tout dépend du contexte !… ;-)
Par exemple, dans certaines situations il vous sera difficile d’élaguer votre support pédagogique. Tout simplement parce que vous n’aurez pas la possibilité de le modifier (dans le cas d’un schéma scientifique pré-défini).
Difficile, dans ce cas, de respecter le principe n°1 (cohérence) : il vous faudra donc compenser en soulignant davantage les infos à mettre en lumière, et donc à mettre le paquet sur le principe n°2 (signalement).
Quoiqu’il en soit, j’espère que ce récapitulatif vous aidera à concevoir des contenus et supports pédagogiques plus efficaces. N’hésitez pas à me faire part de vos retours !

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