vendredi 31 octobre 2014

Méthode d'optimisation sémantique on-page

Méthode d'optimisation sémantique on-page

Méthode d'optimisation sémantique on-page
Méthode pour optimiser une page sémantiquement
L’article de Cyrus Shepard publié cette semaine sur le blog de Moz ayant particulièrement retenu mon attention, je voulais mettre en avant, en français, toutes les méthodes de ce dossier qui me font penser que la recherche de mots-clés actuelle ne suffit plus et qu’elle nécessite beaucoup plus de travail et de techniques différentes qu’auparavant. Pourquoi cela me direz-vous ? La réponse est assez simple, les algorithmes de recherche évoluent, il est donc évident que la recherche de mots-clés évolue, si possible dans le même sens  :-)

Cet article présente une liste de techniques d’optimisations on-page seo issus de brevets, de rapports, d’observations  de nombreux marketers et d’études rigoureuses permettant de mieux définir le contenu sémantique d’une page et d’envoyer de meilleurs signaux aux moteurs pour accroître le référencement et le classement des pages d’un site sur les requêtes visées. Ce dossier s’appuie également sur les nombreuses études et recherches effectuées par Bill Slawski, chercheur et expert en moteurs de recherche, langage naturel, et responsable du site seobythesea .

On ne le répétera jamais assez, il faut aider les moteurs à comprendre votre contenu, et pour cela, vous devez leur donner plusieurs indices qui leur permettront de classer votre site dans une catégorie de leur index, un corpus bien défini.

Je précise que cet article n’est pas une traduction, même s’il reprend en grande partie les points du dossier de Cyrus Shepard, il représente plutôt une synthèse des méthodes énoncées, enrichie de mon avis sur le sujet.

L'optimisation sémantique d'une page


L'utilisation des mots-clés

La méthode ancestrale consistant à rechercher les mots-clés associés à un contenu et à les parsemer dans les balises title, entêtes (titres), alt, et le contenu textuel, est toujours d’actualité et joue encore un rôle essentiel dans l’interprétation du contenu d’une page, aidant ainsi les moteurs à mieux identifier les pages. Mais nous allons voir qu’elle connaît ses limites et qu’elle nécessite d’être enrichie de techniques complémentaires. 

Votre contenu fait référence à un sujet en particulier. Vous aidez les moteurs de recherche à comprendre le thème de votre page en alimentant, avec vos mots-clés, le title, les titres, les attributs ALT et les textes contenus dans le corps de vos pages.  

Le TF-IDF

Le TF-IDF (Term Frequency – Inverse Document Frequency) est une méthode de calcul destinée à évaluer l’importance d’un mot-clé dans une page, par rapport à un nombre de documents pour un corpus donné. Cette méthode pertinente est souvent utilisée dans les algorithmes des moteurs de recherche pour afficher leurs résultats dont celui de Google.

La formule savante définissant le TF-IDF est la suivante :

P(i,j) = TF(i,j) x log (N / DF(i) )

TF(i,j) est la fréquence d’apparition du terme i dans le document j

DF(i) est le nombre de documents contenant i

N est le nombre de documents dans le corpus

A titre indicatif :  
  • Un mot très fréquent dans un texte et présent dans beaucoup de documents aura un TF-IDF <= 1
  • Un mot peu fréquent dans un texte et présent dans peu de documents aura un TF-IDF > 1

Ce qui voudrait dire qu’un terme prend plus d’importance lorsqu’il est moins présent sur une page mais également sur l’ensemble des pages du corpus (TF-IDF élevé).

Prenons l’exemple du mot-clé « médecine » dont le nombre de résultats dans les serp est de 1 400 000 et du mot-clé « ophtalmologie, qui lui, obtient un nombre de résultats de 1 170 000. Le terme « ophtalmologie » est beaucoup plus judicieux que le terme « médecine », du fait d’un TF-IDF plus élevé.

Mais le TF-IDF n’est qu’une composante parmi tant d’autres de l’ensemble des facteurs d’optimisation on-page et ne peut en aucun cas être considéré comme le seul critère déterminant de l’optimisation d’un contenu.
L’indice TF-IDF est une base pour beaucoup de moteurs de recherche et permet d’évaluer l’importance d’un mot-clé dans une page, par rapport à la fréquence d’apparition du terme dans un ensemble de documents d’un corpus donné.

Synonymes et variantes proches

Lorsque l’on créée un contenu, on a souvent la mauvaise habitude de l’associer systématiquement à un mot-clé en particulier. Hors ce qui était valable avant, ne l’est plus maintenant et on oublie bien souvent que les internautes n’accèderont pas à la source d’informations de la manière qu’on l’aurait imaginé.

C’est ce que Google a tenté d’améliorer dans ses algorithmes avec Hummingbird en allant matcher les synonymes et mots proches d’une requête dans ses immenses bases de corpus. D’après une étude de Bill Slawski, l’algorithme Hummingbird se servirait des co-occurrences pour identifier les synonymes pour les substituer dans une requête.

Par exemple, utiliser les expressions :

« Recettes culinaires », « recettes gourmandes », « bonnes recettes de cuisines », « recettes gastronomiques », recettes de cuisine simples », « recettes pour cuisiner », « fiches de recettes de cuisine », « recettes pour tous », « recettes de plats cuisinés » Sera plus pertinent et plus productif que de répéter abondamment, dans un contenu, l’expression « recette de cuisine ».

La recherche de synonymes et de termes proches par rapport à une requête est très bénéfique pour votre contenu sémantique car elle permet une meilleure compréhension de la page par les moteurs de recherche.

La segmentation des pages

L’idée de croire qu’un mot-clé ou une expression se suffit à elle-même dans une page est totalement fausse avec la progression du web sémantique. Bien au contraire, le sens et la signification d’une expression seront renforcés par le contexte sémantique qui l’entoure.

C’est pourquoi, les mots prendront tout leur sens si on les utilise en majeure partie dans le corps d’une page contrairement aux entêtes, pieds de page et menus de côté beaucoup moins valorisants.

Les expressions et les mots-clés ont beaucoup plus de poids dans les sections dédiés au contenu plutôt que dans les parties header, footer et sidebar.




Méthodologie d'optimisation sémantique on-page
Méthode d'optimisation sémantique on-page
Informations pour intégrer l'infographie sur votre site

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Distance sémantique et relations entre les termes

Un concept également très important pris en compte par les moteurs de recherche, est celui de la distance sémantique et les relations entre plusieurs termes au sein d’une même page. Placer un terme dans un paragraphe et ce même terme dans 2 paragraphes plus loin n’aura pas le même poids pour les moteurs. Afin de capitaliser toute la puissance sémantique d’un terme, il est indispensable de placer ses occurrences en fonction des balises HTLM d’un contenu.

Les termes placés dans un même paragraphe ou une même liste, auront un poids sémantique plus élevé. De même que tous les termes présents dans le titre et l’entête du document seront considérés comme très proches de tous les autres termes.

Co-occurrence et indexation syntagmique

L’avancée des algorithmes des moteurs de recherche est telle que ceux-ci sont dorénavant capables d’associer des phrases (ou des syntagmes) co-occurentes entre elles, consolidant un peu plus la pertinence d’un contenu. Cette méthode peut être approfondie en intégrant, dans votre contenu, des liens entrants sur différentes expressions co-occurentes.

Une technique bien utile qui permet de ne plus laisser d’ambiguïté au moteur sur la qualité de votre contenu lors de l’indexation de la page dans le corpus correspondant.

Par exemple les groupes de mots : 

« Joanne Kathleen Rowling », « Daniel Radcliff », « Emma Watson », « Dumbledore », « Les reliques de la mort », « les moldus », « Azkaban » 

Permettent d’enrichir sémantiquement le contenu d’une page dont la requête visée serait, vous l’avez deviné, « Harry Potter ». 

Les phrases ou groupes de mots co-occurents permettent aux moteurs de recherche de renforcer la pertinence d’un contenu sur une expression. Des liens entrants sur ces expressions permettent d’enrichir un peu plus le sens sémantique de la page.


L’importance de l’entité

La notion d’entité sémantique dépasse actuellement toutes les techniques traditionnelles d’enrichissement sémantique d’une page pour les moteurs, car elle est fondée sur le principe des relations connues entre ces entités. Les relations entre chaque entité viennent appuyer la valeur et le sens sémantique d’une page.

Bien évidemment, le choix doit être rigoureux et méticuleux car les entités n’ont pas toutes la même valeur et la même importance dans l’algorithme de Google.

Prenons par exemple le groupe de rock « maroon five ». Cette entité, présente une seule fois dans un contenu, aura beaucoup plus de poids et d’autorité avec la citation des entités suivantes en relation directe : 

« daylight », « Adam Levine », « Overexposed », « Payphone », « Groupe Rock »

Contrairement à l’entité « Grammy awards » même si celle-ci est répétée plusieurs fois. 

Intégrer des entités directement en rapport avec son contenu améliore sa perception par les moteurs. Plus les relations entre les entités seront fortes, plus celles-ci prendront d’importance.

Quelle méthodologie pour une meilleure optimisation on-page ?

L’ensemble des techniques énoncées précédemment est tout à fait applicable à chaque contenu même si nous n’avons pas vraiment les moyens d’évaluer le poids sémantique d’une page par le calcul des occurrences d’entité et les relations sémantiques  entre chacune d’elles. Sans pour autant négliger la partie off-site et netlinking de vos contenus, la partie on-site d’un site et l'optimisation des pages web doit être le point de départ et la priorité de vos optimisations.

Voici une liste de conseils simples pour réussir l’optimisation sémantique d’un contenu :
Etudiez en profondeur vos-mot-clés Il est essentiel de toujours commencer ses investigations par une analyse détaillée de mots-clés, en recherchant les termes de signification proches, les termes concurrents, populaires, souvent saisis par les internautes, à partir des outils de recherche de mots-clés existant sur le web.  Ne recherchez pas un mot-clé unique Prenez l'habitude de rechercher des thèmes différents de mots-clés et non un mot-clé unique. Examinez en détail chaque mot-clé secondaire et surveillez les réseaux, les moteurs pour voir comment les internautes abordent et interagissent sur le sujet pour ensuite réutiliser ces termes dans votre contenu.  
Ecrivez comme des humains pour les humains Rédigez votre contenu en faisant en sorte de répondre aux questions que pourraient se poser les internautes et les moteurs de recherche. soyez meilleur que votre concurrence ! Think users and humans ! 
  Explorez d'autres méthodes de recherche Utilisez d'autres techniques de recherche sémantique, telles que les "related searches", Google Suggest, Google Trends mais également les mots-clés associés aux sites et aux plateformes sociales, ...etc. 
 
Vous pouvez vous-même explorer et trouver de nouvelles idées intéressantes pour approfondir le contenu sémantique de vos textes. Rendez votre contenu visible pour les moteurs N'oubliez pas d'intégrer le contenu pertinent dans les sections à contenu visible au niveau du corps d'une page et non dans l'entête, le pied de page et les menus de côté.
  Structurez vos contenus Pour accroître la visibilité de vos contenus, il est essentiel de les structurer et les décomposer en résumés, introductions, paragraphes, conclusions, listes, de manière à ce qu'ils soient mieux interprétés par les moteurs de recherche et les utilisateurs. Par ailleurs, sans stratégie de contenu, ni plan éditorial, vos contenus auront moins de relief et risquent d'être isolés, vous devez penser à les inclure dans une stratégie globale de marketing de contenu.

Conclusion
Toutes ces techniques, même si elles ne sont pas révélées par Google, font tout de même l’objet d’études rigoureuses au niveau des brevets acquis par le géant du web. 

Alors que jusqu'à présent, nous n'avions pas réellement d'outils pour évaluer l'optimisation sémantique d'une page, une nouvelle application très prometteuse vient de faire son apparition sur le web, il s'agit de l'outil Visiblis, développé par Jerôme Rossignol. Je n'ai pas encore pu bien testé cet outil mais l'aperçu que j'en ai eu m'a déjà énormément convaincu, Laurent Bourrelly l'a, en revanche, testé de fond en comble, et je vous conseille fortement d'écouter les explications de son utilisation au travers d'un cas pratique avec le podcast, un cas concret vaut bien mieux que toutes les théories ! 

Encore merci à Laurent Bourrelly, pour la découverte de cet outil, qui j'en suis sûre, va révolutionner le monde sémantique changer la vie de bien des webmasters, experts seo, et entrepreneurs !

jeudi 30 octobre 2014

[Astuce Youtube] Comment transformer un bout de vidéo Youtube en GIF (en moins de 3 secondes)

Alors là, c’est une astuce simplissime, que j’adoooooooore et que je suis ravie de vous faire partager !
Imaginons que vous souhaitiez illustrer un article de votre blog (ou une page de votre site Internet) avec un GIF, c’est-à-dire une image animée.
Un truc sympa, qui mette un peu de gaieté dans votre article, comme par exemple :
youtube gif
Le problème, c’est que vous n’avez pas de GIF sous la main.
Si vous ne souhaitez pas passer par des outils trop compliqués pour créer un GIF, je vais vous expliquer comment créer très simplement autant de GIF que vous voulez en partant d’une vidéo diffusée sur YouTube.
Vous êtes prêts ? Voilà le mode d’emploi !

1) Sélectionnez la vidéo de votre choix sur YouTube

Choisissez, sur YouTube, la vidéo que vous souhaitez transformer en GIF.
Par exemple, pour cet article, moi j’ai choisi celle-ci.
Evidemment, pour des raisons de droits et de propriété concernant les vidéos, je vous conseille plutôt d’utiliser cette astuce avec vos propres vidéos (mais techniquement, ça marche sur n’importe quelle vidéo YouTube).

2) Ajoutez les 3 lettres « gif » dans l’adresse URL de la vidéo, juste devant « youtube »

Dans l’exemple ci-dessus, l’adresse URL de la vidéo est : https://www.youtube.com/watch?v=i3BXY9trcto
► Je vais donc taper dans le cadre de l’URL : https://www.gifyoutube.com/watch?v=i3BXY9trcto comme montré ci-dessous :
Transformer une vidéo YouTube en GIF animé
Positionnez-vous à la fin de l’adresse URL qui contient désormais le mot gif et tapez sur « entrée ».

3) Choisissez l’extrait de vidéo à transformer en GIF

Vous allez vous retrouver sur une nouvelle page, sur laquelle vous allez pouvoir choisir un titre pour votre GIF, ainsi que la partie de vidéo que vous souhaitez transformer en GIF (moment du début du GIF + durée du GIF), comme montré ci-dessous :
youtube gif2
Une fois que vous avez terminé, cliquez sur « Create gif » (en vert).
Vous allez alors atterrir sur une page provisoire qui ressemble à ça :
youtube gif3
Il est possible que cela dure assez longtemps (moi, la 1ère fois, j’ai attendu au moins 20 minutes, mais la seconde fois 2 secondes… cela dépend du nombre de personnes connectées, je pense).
Dans tous les cas, PATIENTEZ en faisant autre chose, jusqu’à ce que vous arriviez sur cette dernière page :
youtube gif4
Et voilà, votre GIF est créé et opérationnel !
Vous pouvez désormais :
  • le partager sur les réseaux sociaux,
  • regarder la vidéo originale sur YouTube
  • ou encore, faire un clic droit sur le GIF pour l’enregistrer comme image et ainsi l’intégrer ultérieurement dans votre site ou blog, pour arriver au résultat ci-dessous :
youtube gif

Vous avez trouvé cette astuce géniale ?

Moi aussi !
Alors n’oubliez pas de la partager largement autour de vous ☺

Besoin de vous former aux réseaux sociaux ?

Se former aux réseaux sociaux à Dijon
Crédit photo : Fotolia
Si vous débutez ou si vous souhaitez vous perfectionner dans l’utilisation professionnelle des réseaux sociaux, sachez que nous organisons, de septembre à décembre 2014, une série de formations aux réseaux sociaux : Facebook, Twitter, GooglePlus, LinkedIn et Viadeo notamment.
Ces formations sont exclusivement destinées aux professionnels (entreprises, professions libérales, institutions, associations ou syndicats professionnels…) et elles peuvent être prises en charge dans le cadre de vos fonds formation 2014.
Chacune de ces formations peut également être organisée en interne, exclusivement pour vos collaborateurs par exemple (dans toute la France, à partir de 4 participants), à la date de votre choix.
► N’hésitez pas à nous contacter pour vous inscrire ou nous demander l’envoi d’une documentation !

Vous aimez ? Partagez !

Sources : réseaux-professionnels

 

mercredi 29 octobre 2014

Colloque e-Formation des adultes et des jeunes adultes, du 3 au 6 juin 2015 à l'université de Lille


Colloque e-Formation 2015

Colloque e-Formation des adultes et des jeunes adultes, du 3 au 6 juin 2015 à l'université de Lille

Contexte du colloque

Les défis socio-économiques et éducatifs liés à la e-Formation des adultes et des jeunes adultes - que ce soit en entreprises, en organismes de formation ou dans l’enseignement supérieur - sont de taille, notamment au regard de l’augmentation de la demande sociale de formation et de qualification, au déploiement des politiques publiques et d’initiatives privées de formation tout au long de la vie à l’échelle nationale, européenne et internationale. Les connaissances produites par la recherche sur la e-Formation de ces publics constituent des ressources théoriques et conceptuelles pour le développement de nouvelles modalités d’apprentissage s’appuyant sur les technologies et services numériques. Or, cette recherche est encore peu structurée, pluri-disciplinaire, à ce jour minoritaire en sciences humaines et sociales.

Objectif du colloque

Le colloque vise notamment à :
  • mobiliser les chercheurs du domaine et contribuer ainsi à l’émergence d’une communauté scientifique internationale en lien avec la thématique du colloque ;
  • participer au développement d’une dynamique inter-disciplinaire de recherche en e-Formation ; ce domaine étant investi à la fois par les sciences de l’éducation, la psychologie, la sociologie, l’informatique ou encore les sciences de l’information et de la communication ;
  • favoriser la rencontre et l’enrichissement mutuel entre la recherche et le milieu professionnel du domaine, en proposant à la fois des communications/symposiums scientifiques et des communications de type « retours d’expérience » ;
  • valoriser les travaux conduits par des jeunes chercheurs du domaine (doctorants, post-doctorants, récents docteurs) par la mise en œuvre d’un concours attribuant un prix ;
  • contribuer au développement de partenariats « entreprises - laboratoires » par la mise en œuvre d’ateliers d’informations et d’échanges sur les financements possibles de projets de recherche en e-Formation.

Thématique du colloque

Le colloque réunit des chercheurs ainsi que des professionnels du domaine de la « e-Formation » des adultes et des jeunes adultes autour de la thématique « apprentissage et dispositifs numériques ». Ces dispositifs peuvent être des configurations de eLearning, blended-learning, MOOCs, serious-game, e-Portfolio ou encore des hybridations de deux ou plusieurs de ces configurations
La thématique du colloque est traitée selon trois niveaux d’analyse et de formalisation :
  • Le niveau « micro » : il porte sur les dynamiques individuelles et/ou collectives à l’œuvre dans l’usage par les apprenants eux-mêmes (adultes et jeunes adultes) de dispositifs numériques de formation, dans la construction d’environnements personnels médiatisés d’apprentissage. Ces dynamiques peuvent être vues sous l’angle motivationnel (projet, choix, engagement, persistance, etc.), métacognitif (stratégies, comportements, autorégulation, etc.), biographique (histoire personnelle et professionnelle, parcours de formation, etc.) ou encore relationnel (collaboration/ coopération, entre-aide, etc.)
  • Le niveau « méso » : il renvoie aux caractéristiques instrumentales, technico-pédagogiques ou socio-pédagogiques des dispositifs numériques de formation en lien avec l’apprentissage des adultes (et des jeunes adultes), notamment les dynamiques motivationnelles, métacognitives, biographiques, sociales de ces derniers ou encore le développement de capacités et de compétences, tant au niveau individuel que collectif.
  • Le niveau « macro » : il s’intéresse aux enjeux et contextes politiques, socio-économiques et/ou institutionnels ainsi qu’aux freins et aux ressources liés au développement de la e-Formation des adultes (et des jeunes adultes) en entreprises, organismes de formation ou établissements d’enseignement supérieur, notamment au regard de la mise en place, du déploiement et de l’évaluation de dispositifs numériques de formation, de la professionnalisation des acteurs éducatifs et parties prenantes du domaine (direction formation, responsables formation, ingénieurs de formation, ingénieurs pédagogiques, conseillers pédagogiques, enseignants - chercheurs, etc.).

Comment le web redéfinit la notion de vie privé

Comment le web redéfinit la notion de vie privée

ARTICLE  par  Claire HEMERY  •  Publié le 28.10.2014  •  Mis à jour le 28.10.2014
Photo Antonio Casilli
De John Stuart Mill à Mark Zuckerberg, comment la définition de la « vie privée » ou « privacy » a-t-elle évolué ? Entretien avec Antonio A. Casilli (Télécom ParisTech / EHESS). 

Antonio A. Casilli est maître de conférences en Digital Humanities àTelecom ParisTech (Institut Mines Telecom) et chercheur en sociologie au Centre Edgar-Morin (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris).  Il est l’auteur de Les liaisons numériques (Editions du Seuil, 2010) et le co-auteur de Against the Hypothesis of the End of Privacy (Springer, 2014).

Quelle conception de la vie privée les géants du web imposent-ils ?
 
Antonio A. CASILLI : On a souvent tendance à considérer les entreprises du secteur du numérique comme de simples acteurs économiques et technologiques qui introduisent des innovations et qui, par leur créativité, apportent des solutions à des problèmes existants. Or, il se trouve qu’elles sont aussi porteuses d’un ensemble de normes. Des injonctions, des formes prescriptives dont la nature est en même temps sociale et technologique. Par cela je ne veux pas dire qu’elles véhiculent un ensemble homogène de valeurs. Elles affichent des postures distinctes, quant à leur positionnement social, économique, politique. Mais, parmi elles, certaines grandes plateformes s’imposent, et imposent leur vision du monde. L’acronyme GAFA [NDLR : Google, Amazon, Facebook, Apple] n’est qu’un raccourci pour indiquer ces entreprises en position dominante. Pensez à l’idéologie irénique des médias sociaux, où tous sont « amis ». Ou pensez à comment les algorithmes des sites de commerce électronique « personnalisent » tout aspect de notre vie. Il s’agit de notions très chargées, qui structurent notre être en société. Elles valent autant pour les gens qui travaillent pour eux, qui travaillent avec eux, que pour ceux qui consomment les produits et services que ces entreprises proposent. 
Quelles sont ces normes et pourquoi ont-elles un impact sur la vie privée, la privacy ?
 
Antonio A. CASILLI : En effet, une catégorie particulière de ces normes concerne la vie privée.  Ce sont d’abord des discours qui mettent en doute l’utilité même de la protection de la vie privée. Reprenons les propos tenus par certains entrepreneurs du web. Par exemple, le PDG de Sun Microsystem, Scott McNealy, qui en 1999, il y a 15 ans déjà, disait « you have zero privacy anyway. Get over it » (« vous n’avez plus de vie privée, il faut tourner la page »). Il y a là non seulement un jugement sur la disparition prétendue de la vie privée mais en plus une injonction de nature morale : « tournez la page, dépassez ce stade », comme s’il s’agissait pour les individus de réaliser un travail sur eux-mêmes, en entrant dans une nouvelle phase de leur vie. Certains intellectuels, qu’on qualifie souvent de « gourous du web », des proches de ces entreprises, ont qualifié cette phase comme celle de la « publitude ». Mauvaise traduction française du terme anglaispublicness, qui serait le contraire de la privacy. Si la privacy peut être définie comme un comportement de défense de certains aspects de son intimité ou de sa sphère personnelle vis-à-vis du regard des autres. La publicness, elle, serait plutôt une attitude de transparence généralisée, de vie en public.  La nouvelle norme chez les géants du web : « rien à cacher donc rien à craindre ». Une posture un peu simpliste : « rien à cacher donc rien à craindre ». Ceux qui ont encouragé cette « publicness » et l’ont transformée en véritable norme sont les nouveaux acteurs du web, ceux de la fin des années 2000, début des années 2010, comme Facebook ou Google. On se rappelle typiquement des propos tenus par Mark Zuckerberg, en 2010, à l’occasion de la remise des Crunchies : il remarque que les utilisateurs, aujourd’hui, sont beaucoup plus à l’aise avec le partage généralisé, le partage sans obstacle (frictionless sharing). Il affirme : « la nouvelle norme, c’est la vie en public », « Public is the new social norm ». Mark Zuckerberg prétend donc identifier cette norme, clame qu’elle existe de facto. Elle semble avoir surgi comme cela, sans préavis, et Facebook ne fait selon lui que l’accompagner, s’y adapter.
 
  
 
D’autres ont plutôt voulu esquisser une analyse historique. Je pense là à quelqu’un qui n’est pas un historien, mais un mathématicien : Vint Cerf, l’un des pères fondateurs de l’internet, et qui depuis quelques années occupe un rôle spécial d’évangéliste en chef chez Google. Il a déclaré en 2013 « Privacy may actually be an anomaly ». L’étymologie même d’anomalie renvoie au terme grecnomos : la norme, la loi. En disant cela, il explique que la privacy ne correspond pas selon lui à un état normal – une fois de plus, la question morale est bien sous-jacente : l’état normal serait l’acceptation des intrusions dans l’espace personnel des citoyens que son entreprise prône et pratique sans retenue. Dans le reste de son intervention, Vinton Cerf semble indiquer qu’il y aurait eu une parenthèse historique et que la vie privée serait une exception entre deux phases de vie publique : le monde pré-industriel et le monde façonné par Internet. La phase précédant l’arrivée des sociétés modernes aurait été à ses yeux caractérisée par des communautés rurales, dans lesquelles la vie en public était le standard. Avec l’émergence de la privacy, toujours selon Vint Cerf, une nouvelle forme de sociabilité s’est imposée : celle de la société urbaine, bourgeoise et utilitariste, dans laquelle on avait tendance à protéger sa sphère privée. Cette vision se serait alors imposée autour du XIXe et XXe siècle. Mais pour lui, au siècle des plateformes sociales, le XXIe siècle, on serait en train de clore cette parenthèse, on reviendrait à une situation caractérisée par cette connectivité généralisée, cette publicness généralisée : la norme de la privacy n’aurait donc été qu’un détour dans la longue durée de l’histoire. C’est surtout une manière de structurer un discours normatif et un discours moral précis. Or, l’histoire ne nous raconte pas toujours ça.  
 
Comment la définition de la privacy a-t-elle évolué dans le temps ? Pouvez-vous nous donner quelques éléments historiques ?
 
Antonio A. CASILLI : En effet, il faut choisir des repères historiques précis. Je suis particulièrement sensible aux travaux de grands historiens français comme Philippe Ariès, Roger Chartier, Georges Duby, etc. qui ont travaillé sur la naissance de la vie privée en tant qu’objet historique, en tant que notion qui se décline dans la philosophie, dans le droit et évidemment dans nos représentations et comportements. Dans le contexte occidental, la naissance d’une pensée d’une sphère vraiment relative à l’individu, et non pas seulement à sa famille, à sa communauté territoriale voire à sa communauté politique ou religieuse, se situerait entre le Moyen Âge et l’époque moderne. On observe une dissipation, une disparition progressive des liens de seigneuriage, de loyauté féodale, qui sont aussi des liens de fidélité à la communauté locale, au lignage. Et se constitue progressivement, face à la perte de ce type de tissu social, un univers de pratiques et de prérogatives relatif aux possibilités d’action et d’expression des individus. Une sphère qu’on appelle la « sphère privée ». Dans cet espace – qui est aussi un espace tangible, une certaine vision de la maison et des cadres de vie –, de nouvelles questions se posent : que puis-je faire dans un contexte physique individuel ? Quelles sont mes limites et mes possibilités d’action ? Est-ce que, chez moi, tout est permis ? Puis-je tenir des propos qui soient exclusivement réservés à mon espace privé ? Quel doit être le lien entre ce que je fais dans mon espace privé et ce que je fais dans l’espace public ? C’est quand on commence à travailler sur la frontière public/privé qu’on entreprend, à partir du XIXe siècle dirais-je, de définir, cerner, circonscrire la notion de privacy telle qu’elle fait surface dans une réflexion surtout anglosaxonne – et même étroitement liée États-Unis et à la réflexion sur les premières démocraties du XIXe siècle. Je pense typiquement aux travaux d’Alexis de Tocqueville qui a soulevé, parmi d’autres, cette problématique : la démocratie peut s’avérer un régime oppressant, autant ou plus encore que des autocraties, des théocraties, des oligarchies, parce qu’elle peut exercer ce qu’il appelle « la tyrannie de la majorité ». Une majorité de personnes affirme une opinion publique ainsi qu’un certain ensemble de normes, de lois et de prescriptions de comportements publics. Quid de l’autonomie individuelle dans ce contexte-là ? Pour les individus, d’un point de vue strictement quantitatif, cela peut devenir un joug encore plus intolérable. Par conséquent, de philosophes ont commencé à interroger la notion d’autonomie individuelle, dans son lien à la liberté d’action et à la vie privée.  En 1859, John Stuart Mill a expliqué que la liberté individuelle est absolue dans la mesure où elle ne nuit pas aux autres. Quelques décennies plus tard, en 1859, John Stuart Mill, a défini dans son traité On liberty un principe très simple, selon ses dires, « one very simple principle », le principe de non-nuisance (« the no harm principle ») qui peut se résumer ainsi : la liberté individuelle est absolue dans la mesure où elle ne nuit pas aux autres. Dans sa sphère privée, un individu est libre de tenir les propos qu’il veut, adopter les comportements qu’il souhaite et surtout entretenir les opinions qu’il juge en accord avec sa sensibilité et son caractère. Le traité de Mill distingue de manière très précise le public du privé. On arrive progressivement au XXe siècle et à cette question centrale : comment la loi doit-elle se positionner par rapport à cette sphère privée ? La jurisprudence s'est également saisie de la question à la fin du XIXe siècle, en 1890, avec « the right to privacy », le droit à la vie privée, défini dans un article de Louis Brandeis et Samuel Warren comme « the right to be left alone », le droit d’être laissé en paix.
 
Cette définition de droit à la vie privée comme « the right to be left alone » a-t-elle encore un sens aujourd’hui ?
 
Antonio A. CASILLI : Évidemment, si l’on pense à la notion de vie privée aujourd’hui, dans un contexte de communication omniprésente et de connectivité généralisée, le regard change. Nous commençons à cristalliser autour de la notion de la vie privée tout un ensemble de craintes, la crainte surtout de la voir disparaître. Sur Internet, personne n’a envie d’être « left alone », d’être laissé en paix, de vivre une vie dans l’isolement. Le principe même de l’action de connexion en ligne est un principe de mise en contact de deux entités distinctes. De ce point de vue, la solitude est vécue comme une impossibilité. À ce moment-là, nous devons franchir une étape importante : où est passée la vie privée aujourd’hui ? Ce que je défends dans mon livre Against the Hypothesis of the End of Privacy, (co-écrit avec Paola Tubaro et Yasaman Sarabi) c’est que notre vie privée n’a pas disparu, malgré les propos très marqués idéologiquement de certains propagandistes du marché. Au contraire, elle s’est transformée qualitativement. Notre vie privée n’a pas disparu, elle s’est transformée qualitativement pour devenir une négociation collective. Elle a cessé d’être définie comme un droit individuel, tel qu’il a été conçu à la fin du XIXesiècle, pour devenir une négociation collective. C’est un changement de statut de la vie privée. Voilà le défi actuel : cerner à nouveau et défendre ce principe.
 
Que signifie cette négociation collective ? Comment s’organise-t-elle ?
 
Antonio A. CASILLI : J’insiste sur le terme collectif. Nombreux sont ceux qui, suite à la publication de mes travaux de recherche et de notre livre, ont fait un raccourci simpliste : « bon, c’est une négociation, donc une négociation commerciale, il suffit de laisser aux individus le pouvoir de vendre leurs données personnelles ». Ce n’est pas du tout ce que mes co-autrices et moi-même affirmons dans ce texte. C’est pourquoi, dans ma récente contribution à l’étude annuelle du Conseil d’Etat, j’ai voulu préciser que ma position est résolument contre la « privatisation de la privacy ». Nous insistons sur le fait que la négociation de la vie privée est un travail collaboratif autour d’un enjeu commun, d’un débat réunissant les porteurs d’intérêts de cet enjeu de notre vie en commun. Pensez plutôt à une négociation syndicale : un ensemble d’acteurs sociaux structurés dans des groupes, des associations, dans des instances publiques, qui manifestent un ensemble d’exigences, de revendications, de besoin de reconnaissance. La reconnaissance dans une négociation est essentielle. Il faut d’abord énoncer les exigences et faire en sorte que la partie adverse admette ces exigences. Par exemple, cette négociation collective se manifeste aujourd’hui dans le respect de ce que certains philosophes nomment l’ « intégrité contextuelle des données personnelles ». Une information personnelle livrée dans un contexte précis ne peut être importée, transférée dans un autre contexte, et donc détournée de son sens initial. Si cela arrive, il faut toujours obtenir l’accord de l’utilisateur qui a mis à disposition cette information. Le cas classique, un cas d’extrême actualité comme dans les class actions menées contre Google ou Facebook, concerne l’utilisation de photos, témoignages, et contenus multimédias mis en ligne sur ces grandes plateformes pour des sponsored stories, des liens sponsorisés, comme de la publicité contextuelle qui cible d’autres utilisateurs. Pour être encore plus précis, imaginez que vous mettez une photo de vous sur la plage, que vous la partagez avec certaines personnes choisies et dans un certain contexte, mais que cette photo se trouve importée dans une base de données propriétaire, vendue à une régie publicitaire, ou à un annonceur qui peut en faire un usage fort éloigné de vos « sensibilités ». Imaginez la photo d’un éleveur avec sa vache, finalement utilisée pour la publicité d’une chaîne de hamburgers, par exemple. L’intégrité contextuelle aujourd’hui n’est pas respectée. Et je ne mentionne pas les problèmes de droit à l’image, de e-réputation, etc. Quand on parle de négociation collective, cela suppose de doter les acteurs sociaux d’assez de force, d’assez de garanties pour qu’ils soient armés juridiquement, culturellement, politiquement, et donc capables de se défendre dans ce type de négociation. Cela passe par la création d’associations de consommateurs, par l’expression de la volonté générale pour faire pression sur les législateurs, et cela passe évidemment parfois par les tribunaux.
 
Y a-t-il des dissonances au sein même de ces négociations collectives ? Des définitions divergentes de la vie privée et de ce qu’il faut défendre ?
 
Antonio A. CASILLI : Bien sûr. Il ne faut pas considérer ce combat comme un front unitaire. Étant donné le type de pressions, et compte tenu de la confusion qui règne sur ces sujets, autant au niveau de la société civile qu’au niveau des législateurs, et même parmi les entreprises porteuses du discours de la prétendue « fin de la vie privée », il y a une immense fragmentation. Et au sein même de certains combats, locaux, précis, on a parfois des fractures qui sont motivées par des intérêts professionnels très différents. Dans le cas des recours collectifs, on l’a vu récemment avec Google, il peut y avoir des divergences entre les intérêts déclarés des avocats des personnes directement concernées et les consommateurs eux-mêmes. Les avocats poussent à des accords avec les entreprises alors que les parties prenantes exigent plus de protection et de respect, de reconnaissance de leurs exigences, et de leurs droits. Même sur un plan de grands enjeux politiques, par ailleurs, il n’y a effectivement pas de front unitaire. Les événements récents, je pense notamment à l’affaire Snowden et à la grande vague d’indignation qui a suivi ses révélations, le démontrent. Les réactions publiques, l’organisation de plus en plus en visible et structurée de revendications à la suite de la découverte des agissements de la NSA et des Five Eyes (l’alliance entre les services de renseignement d’ Australie, Canada, Nouvelle Zélande, Royaume-Uni et Etats-Unis), tout cela a contribué à créer des postures de plus en plus divergentes.
 
En quoi ces prises de position divergent-elles ?
 
Antonio A. CASILLI : Si l’on se concentre par exemple exclusivement sur ce qui a suivi les révélations de Snowden, on a un noyau dur représenté pour les États-Unis et pour l’Europe par des associations traditionnellement liées à la défense des libertés civiles et de la vie privée comme l’ACLU[+], Privacy International ou la Quadrature du net. Ces acteurs étaient déjà positionnés sur ces sujets avant l’affaire Snowden et plaidaient déjà pour que les individus acquièrent toujours davantage de compétences techniques, de maîtrise d’outils assez avancés (en cryptographie par exemple). C’est, si vous voulez, une orientation d’avant-garde : dans un mouvement général pour la défense de la vie privée, il y a une fraction qui tire les autres en avant.
 
Mais on rencontre des prises de position beaucoup plus opportunistes, motivées par des intérêts territoriaux, comme celle des institutions européennes. Regardons par exemple ce qui se passe avec le Parlement européen qui, malgré l’effort du lobbying industriel américain, a voté au mois de mars 2014 un projet de règlement sur la protection des données à caractère personnel, ou la décision de la Cour de justice européenne sur le droit à l’oubli du mois de mai. Ce sont des actions motivées d’une part par un besoin de rattrapage législatif des aménagements économiques et technologiques contemporains – mais aussi par un opportunisme commercial : défendre les intérêts européens. Il s’agit surtout de protéger la vie privée des individus européens face à l’intrusion de potentiels acteurs non-européens. Mais rien n’est dit explicitement. On peut y lire aussi, paradoxalement, les signes inquiétants d’une posture liberticide, le risque d’une surveillance généralisée, en France et aux Royaume-Uni en particulier.  On peut voir les signes inquiétants d’une posture liberticide, le risque d’une surveillance généralisée, en France et aux Royaume-Uni en particulier. On règle la circulation commerciale de certaines informations personnelles. Mais rien n’est dit à propos des droits des citoyens pour se protéger de la surveillance et de la rétention des données à long terme opérée potentiellement par les États eux-mêmes, des intrusions et des abus de position dominante des entreprises européennes. Il y a là une forte duplicité des législateurs européens. Certaines des lois votées ces derniers mois, comme la loi de programmation militaire puis celle sur la géolocalisation en France, ou le Data Retention and Investigatory Powers Act (DRIP) voté en catastrophe par le Parlement britannique pendant l’été 2014,  sont des lois liberticides. Les législateurs vont devoir en répondre, et très rapidement, au public. Car ces lois introduisent des exceptions, extrêmement dangereuses.
 
Qu’est-ce que les géants du web prétendent défendre ou protéger aujourd’hui ? Après avoir clamé la fin de la vie privée, quelle vision nous offrent-ils désormais ?
 
Antonio A. CASILLI : On a vu émerger de nombreux services qui vendent du « web éphémère », comme Snapchat ou Secret, qui proposent de dire, faire ou de publier des contenus voués à disparaître ou à ne pas dépasser un cercle d’amis prédéfinis pour partager ces « secrets ». Que nous vendent-ils ? Une promesse de maîtrise de l’information partagée. Ils la commercialisent en restreignant la connectivité – en la filtrant pour qu’elle ne touche qu’à des groupes restreints de contacts régis par des logiques de cohésion extrêmement forte. L’application de messagerie Whatsapp par exemple promet 2 choses. D’abord que les échanges soient réservés à des interlocuteurs choisis, et ensuite que les données relatives à de ces échanges ne soient pas stockées sur ses serveurs. Il n’y aurait donc pas de métadonnées conservées. Le fondateur de Whatsapp affirmait justement : « On a voulu créer un service qui ne fiche pas ses utilisateurs ». Du moins, c’est ce qu’elle promettait – jusqu’à ce qu’elle soit rachetée par Facebook pour 19 milliards de dollars. Une somme faramineuse, et ce n’est pas un hasard, c’est bien en 2014, dans une ère post-Snowden que l’entreprise a atteint une telle valorisation... Facebook va nécessairement changer la donne. Facebook ne s’est jamais gêné pour surveiller et conserver. Il y a un enregistrement systématique de tout contenu partagé avec un ensemble de métadonnées (lieu, date exacte, etc.). Ils poussent parfois leur capacité d’enregistrement au point d’enregistrer la version initiale d’un post.
 
Pour tous ces autres services qui apparaissent, je pense aux réseaux dits « asociaux », ou bien aux réseaux secrets ou au web éphémère, ils promettent une frugalité du stockage des données personnelles et leur possible suppression. Jusqu’au moment où l’on dénonce le mensonge. C’est ce qui s’est passé pour Snapchat en mai 2014, quand la FTC a révélé qu’ils étaient coupables d’escroquerie. Ils avaient affirmé que les données n’étaient pas conservées alors que compte tenu de la structure même de Snapchat, ils devaient nécessairement conserver les photos qui étaient censées « disparaître » pour les utilisateurs. Situation paradoxale pour la négociation de la vie privée : moi, producteur d’une photo sur Snapchat, je n’ai plus accès à ce contenu, aucun de mes contacts non plus, mais quelque part, Snapchat, dans sa ferme de données a accès aux informations que je ne vois plus. La dépossession, la perte de maîtrise est totale. Le déséquilibre dans cette négociation est absolu !
 
Ces entreprises cherchent en effet à s’afficher comme « concurrentielles sur la vie privée ». La vie privée devient alors l’un de leur produits, leur promesse commerciale. Facebook même a changé certains de ses principes les plus fondamentaux. Dans les trois derniers mois, le réseau de Mark Zuckerberg a introduit une sorte de tutoriel pour les utilisateurs avec un avatar. un petit dinosaure bleu, qui met en garde les utilisateurs quand ils s’apprêtent à changer le paramétrage de confidentialité pour un post. Deuxième changement : le paramètre par défaut pour les post publiés par les nouveaux arrivés sur le média social n’est plus public. Un vrai revirement par rapport à la posture de Facebook en 2010.
 
Si l’on remet l’accent sur la vie privée, on restreint le partage. La nouvelle philosophie de Facebook consiste à enfermer les utilisateurs dans des « bulles algorithmiques » grâce à ce qu’ils appellent la restriction de la portée organique de ses contenus.  La nouvelle philosophie de Facebook consiste à enfermer les utilisateurs dans des « bulles algorithmiques ». Les échanges se limitent désormais à quelques trentaines de personnes, avec la création de mini-communautés à l’intérieur de chaque profil, de chaque page, etc. C’est d’ailleurs ce qu’ils invitent à faire, à jouer sur le plan local surtout. Facebook favorisent alors les sociabilités de proximité. En jouant sur les 2 tableaux : vie privée et partage. Ils pourront vendre de la protection de la privacyaux individus, et de la circulation virale aux entreprises, pourvu qu’elles paient pour des publications sponsorisées.  
 
L’internet des objets va-t-il changer quelque chose pour notre vie privée ? 
 
Antonio A. CASILLI : Reprenons la décision de la CJUE. La question du droit à l’oubli est un peu oblique par rapport à la question de la protection de la vie privée parce que le droit à l’oubli est souvent présenté comme la possibilité pour les citoyens de se rétracter quant à des choses dites sur eux et/ou par eux, la possibilité de maîtriser la publication de données qu’ils jugent contradictoires ou non représentatives de ce qu’ils sont aujourd’hui. La loi Informatique et libertés de 1978/2004, née dans un monde pré-web, concernait surtout les instituts de recherche, les administrations publiques ou les entreprises qui créaient des fichiers sur des citoyens. En l’occurrence, une entreprise par exemple de vente par correspondance, détient un fichier avec mon nom, ma date de naissance, etc. : la loi établissait alors que je pouvais non seulement demander, par courrier, s’ils possédaient des informations sur moi mais aussi que ces dernières soient mises à jour ou corrigées si inexactes, voire effacées. Le droit à l’oubli, né de la réflexion juridique française, est cohérent avec cette vision de 1978. Ce qui change aujourd’hui, c’est la question du devoir d’information. C’est toute la presse et surtout la presse indépendante qui s’insurge contre la décision de la CJUE. À leurs yeux, on donne aux puissants et aux célébrités la possibilité de censurer ex-post en envoyant tout simplement une lettre à Google. La protection de la vie privée de l’individu se heurte à un autre droit : celui de l’information.  La protection de la vie privée de l’individu se heurte à un autre droit : celui de l’information. Il y a là un conflit classique. On cherche le moyen de faire respecter les deux… Difficile. Je me pose personnellement la question de l’importance du droit à l’oubli. Lorsque j’ai été contacté par la CNIL pour la concertation sur le droit à l’oubli, j’avais formulé tout un ensemble de mises en garde. Ce que je n’avais pas développé dans ce contexte, c’était la question du changement de paradigme dans Internet, auquel on fait désormais face : l’arrivée de l’internet des objets. C’est bien un changement de paradigme quant à notre manière de vivre le numérique, on est en train de passer d’un internet de publication à un internet d’émission, au sens d’ « émettre » des données et des information par le fait même d’être dans un environnement potentiellement saturé de capteurs.  On est en train de passer d’un internet de publication à un internet d’émission L’expérience numérique se transforme radicalement. La volonté de l’utilisateur est sollicitée de manière complètement inattendue. Si jusqu’à présent, je devais seulement me préoccuper de ce que je publiais sur moi-même ou de ce que d’autres publiaient à mon sujet, aujourd’hui je dois me préoccuper de ce que mes pneus sont en train de transmettre à mon assureur, ou ce que mon compteur intelligent transmet sur ma consommation électrique à ma mairie ou au service des impôts… Je ne dis pas que les utilisateurs d’Internet arrêteront de publier des récits de vie, ou que les journaux disparaîtront. Je pense simplement que la proportion, le ratio entre le web des données publiées et le web des données émises va changer, à la faveur de ces dernières. Cela entraîne une perte de maîtrise de nos données, et pour la négociation de la vie privée une perte d’équilibre et de pouvoir de négociation de la part des utilisateurs. C’est alors d’autant plus important d’affirmer le principe du droit à l’oubli aujourd’hui, compte tenu des changements technologiques et sociaux qui se préparent avec l’internet des objets. Ce sera sans doute le droit à l’oubli qui nous permettra, si appliqué avec un peu de lucidité et non pas avec le zèle passif-agressif affiché par Google, de redéfinir les frontières mêmes de ce qu’on va émettre.

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Crédit photo : Giliola Chiste